J'ai finalement terminé la lecture de cette magnifique brique de quelque 650 pages écrite par Jacques Doucet et Marc Robitaille intitulée «Il était une fois les Expos». Cet ouvrage couvre la période de 1969 à 1984, années fastes où on a vu naître la franchise, connaître ses premiers succès et aussi vivre ses premières déceptions. On le rappelle, Jacques Doucet fut le descripteur des parties des Expos à la radio depuis les débuts de l'équipe jusqu'à leur mort en 2004. Quant à Marc Robitaille, il a écrit «Des histoires d'hiver» et «Un été sans point ni coup sûr», deux romans portés à l'écran.
Je m'attendais à une écriture très émotive de la part de Doucet et Robitaille. Les deux baignent dans l'univers des Expos et du baseball depuis longtemps et leur amour de la «balle» n'a pas d'égal. À quelques reprises, des flèches sont dirigées vers les médias qui s'occupent beaucoup trop des affaires du Canadien, ne se concentrant que sur un seul sport, voir une seule équipe. Deux passages sont assez clairs: «Les médias peuvent influencer l'affluence dans un stade, contrairement à ce qu'ils pensent» et «Certains se soucient plus de la composition du 4e trio du Canadien en plein mois de juillet, mais c'est ce que les amateurs veulent...»
Les détails sont aussi importants dans le bouquin. Toutes les circonstances de la venue des Expos à Montréal sont expliquées et on apprend que l'équipe n'a bien failli jamais voir le jour. Le maire de l'époque, Jean Drapeau, avait le don de voir grand, sans nécessairement avoir tous les outils en sa possession pour arriver à ses fins. N'eut été de John McHale, Jim Fanning, Charles Bronfman et Gerry Snyder, les Expos auraient peut-être joué à... Washington dès 1969.
On arrive à bien imaginer l'ambiance de l'époque au Parc Jarry, la frénésie qui y régnait. Sans même avoir une équipe gagnante, la foule s'amusait. Plus tard, l'amusement avait cédé la place à la volonté absolue de gagner, la direction ayant promis une réussite au bout de la saison. Cela ne fait-il pas penser à la Sainte-Flanelle ? Les partisans sont devenus de plus en plus exigeants au fil des ans, avec raison.
Le plus ironique, quand on pense aux raisons qui ont mené à leur départ, est que les Expos avaient une des masses salariales les plus élevée des MAJEURES ! Ils avaient un contrat de télévision et de radio solide et concurrentiel. Ils ont même failli mettre la main sur le membre du Temple de la Renommée, Monsieur Octobre lui-même en Reggie Jackson !
Ce qui est aussi palpitant, c'est que j'ai appris à connaître les joueurs qui ont marqué mon enfance: Gary Carter, Andre Dawson, Tim Raines, Steve Rogers, Warren Cromartie, etc. Je les ai mieux connus ainsi que leur réel impact dans le vestiaire et sur le terrain. Mais rien ne bat le phénomène # 1, Bill Lee, surnommé Spaceman. J'aurais tant aimé le voir jouer ou l'entendre dire ses sottises aussi insolantes que songées. Je l'ai vu une fois en 2002, au Stade Olympique. Vêtu d'un long t-shirt orangé, il se promenait partout, en signant une multitude d'autographes.
Les meilleures années des Expos, autant sur le terrain qu'au guichet, montrent vraiment comment ils sont venus près de gagner, mais aussi comment ils ont brisé leur coeur et celui des leurs fans. À chaque lettre, l'émotion est ressenti. On désire tellement que Rick Monday passe dans le mitaine au lieu de cogner son circuit. Malheureusement, rien ne change, comme leur départ.
Le livre s'achève avec l'année 1984. L'événement qui tranche en deux l'histoire des Expos, c'est l'échange de Gary Carter, sans doute le plus gros jamais réalisé par les Expos. Le propriétaire Charles Bronfman ne pouvait digérer le salaire de 2 millions de Carter, malgré que ce soit lui qui lui ait donné ! C'était le début des ventes de feu, ce que les fans ne pardonneront jamais aux dirigeants et qui mèneront à la fin d'une grande aventure.
En somme, Doucet et Robitaille relèvent le défi de nous présenter l'histoire des Expos de belle façon, avec passion et profondeur, prouvant à tous et chacun que les Expos ont fait vibrer Montréal, le Québec et le Canada bien plus que le Canadien d'hier et d'aujourd'hui.
En comparaison avec le livre d'Alain Usereau, celui de Doucet/Robitaille couvre une plus grande période, Usereau ne traitant que des années 77 à 84. Les deux ouvrages sont quand même traitées avec similitude, soit avec respect et passion.
Le 2ème tome est prévu pour l'automne 2011, elle mettra en scène la période 1985 à 2004 avec les Galarraga, Brooks, Wallach, Walker, Dennis et Pedro Martinez, Guerrero, la tragédie de 1994 et la fin. Déjà, ce livre est sur ma liste de cadeaux de Noël 2011.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire