lundi 2 mai 2011

Place aux élèves - Tarentule

Dans le cadre de la rubrique Place aux élèves, voici la pratique d'écriture de Martin Croteau intitulée Tarentule. Elle raconte l'histoire d'un policier irlandais qui veut démasquer la prétendue responsable du meurtre du plusieurs hommes, une femme fatale nommée Lor.

Tarentule

Il se faisait tard et les trois cafés que j’avais bu n’avaient plus d’effet sur mon système. La fatigue commençait à l’emporter, mais je ne pouvais pas abandonner. La lumière faible de l’écran de mon ordinateur était la seule chose qui éclairait mon petit bureau et cela écarquillait mes yeux un peu trop.

Je regardais mon réveille-matin et je laissai échapper un soupire désespéré tout en secouant ma tête. Quatre heures du matin et je n’avais encore trouvé aucune information pertinente pour cette enquête. Cela faisait déjà six mois que je travaillais sur cette investigation et toujours aucune preuve que cette femme fatale soit coupable.

Mon patron George McTavish, chef de police de Kilkee en Irlande, commençait même à douter qu’elle soit réellement la coupable de tous ces meurtres, mais moi j’étais prêt à parier mon emploi tellement que j’étais certain que c’était elle.

Malheureusement, George prit ce pari au sérieux et il me donna simplement un autre mois pour la trouver coupable ou même trouver des preuves. Au début je crus qu’il me compta une blague, mais quand je vu son regard sérieux, j’avalai ma salive et je cessai de rire instantanément et je sorti de son bureau la tête baissée.

Laurie-Anne Walsh, surnommée Lor par tous ses amis et ses collègues de travail, était une femme aux yeux brun pâle qui brillaient d’innocence. Elle ressemblait au genre de fille qui ne ferait jamais de mal à une mouche, mais je savais que ce n’était qu’une façade.

Elle avait des cheveux brun pâle, un peu plus foncés que châtain, qui descendaient un peu plus bas que ses épaules et chaque fois que je la voyais, elle portait toujours un sourire extatique comme si elle fut heureuse de me voir.

Ses lèvres gonflées et sensuelles portaient toujours une apparence sinistre, mais chaque fois que je demandais l’opinion d’un collègue, ils me disaient toujours les mêmes choses.

« Une fille comme ça? Non, elle ressemble à un ange! Elle ne pourrait faire du mal à une mouche.» Et ils succombaient à son charme innocent comme des marionnettes obéissant à leur marionnettiste omnipuissante à leur sort.

Lor essayait toujours de me faire des avances subtiles pour me séduire, mais je refusais chaque fois sans aucune tentation. C’était presque rendu une routine pour moi d’une certaine manière de lui refuser toutes ses avances. Je la rencontrai au moins cinq fois et chaque fois ce fut la même routine.

Elle trouva une tenue révélatrice et utilisa chaque excuse imaginée pour se pencher pour mettre ses seins en évidence. Chaque fois, je sentis presque de la bile me remonter à la bouche tellement je fus dégoûté par son manque de respect en vers elle et moi.

Elle se mettait toujours une paille dans la bouche et disait plusieurs commentaires suggestifs après chaque chose que je disais. Ses tournures de phrases sexuelles ne me plaisaient pas et m’irritaient vraiment.

Hélas, le désespoir commençait à prendre le contrôle de mon esprit et affectait mon jugement. Cela et le manque de sommeil n’aidait pas non plus. J’entendais presque mon lit crier mon nom de l’autre pièce, mais je devais terminer cette enquête.

Finalement, je décidai de prendre mon téléphone. Il fut temps d’utiliser une nouvelle stratégie pour cette situation irritante. Aux grands maux, les grands remèdes. Je composai le numéro du diable et son répondeur se déclencha.

« Oui Lor, c’est Ross Warrick. Je sais qu’il se fait tard, mais j’aimerais que vous me rappeliez le plus tôt possible. Merci et passez une belle journée. »

Je soupirai à nouveau et je m’allumai une autre cigarette tout en m’étirant. La boucane familière envahit la chambre et mes poumons et je sentis l’effet dépendant de la nicotine immédiatement.

Je n’étais pas fier de ce que j’allais faire, mais le temps était devenu un ennemi que je ne pouvais vaincre. Après une longue nuit, je décidai d’aller m’étendre un petit peu pour récupérer. Dieu sait ce que je serai forcé à faire demain.

Je touchai la photo de moi et Sean en vacances à Cuba, je souris mélancoliquement et je me chuchotai une petite prière pour lui avant de finalement me coucher sur mon lit.

***

Soudainement, la sonnerie du téléphone me réveilla. Les yeux à moitié ouverts, je regardai ma montre pour vérifier l’heure. Il était huit heures du matin et mon corps ne voulait pas bouger.
Après quelques coups, le répondeur se mit en marche.

« Bonjour cher Détective Warrick, j’espère que vous dormiez confortablement à l’intérieur de votre lit», dit une voix féminine et séductrice

Ma tête se redressa rapidement et je tombai de mon lit pour ramper brusquement vers le téléphone. Avant de décrocher, je pris une grande respiration pour paraître confiant et je répondis :
« Oui oui, euh…je suis réveillé madame Laurie-Anne.» Un rire innocent se fit entendre et je me frappai le front avec ma paume de main.
« Bon matin monsieur Warrick, vous m’avez appelée?»

Si j’avais pris le temps de bien dormir, j’aurais pu répondre parfaitement et j’aurais planifié tout ce que j’étais pour dire. Mais le manque de sommeil embrouillait toutes mes pensées et mon esprit.
« En effet, euh, je voulais savoir si vous étiez occupée ce midi. J’aimerais avoir le plaisir de votre compagnie pour dîner.»

Ce n’était pas ce que je voulais dire, mais j’espérais qu’elle dise oui. Même si je ne pouvais pas la voir, je savais qu’elle souriait. Elle répondit par un oui rempli de fierté et je lui donnai le lieu et je lui ai dit au revoir.

En raccrochant le téléphone, je me frappai le front avec ma paume encore en me traitant d’idiot. Je me suis donc dirigé vers la cuisine pour me faire du café afin de rétablir mes idées. Il était de toute importance que je reprenne le dessus sur Lor sinon je perdrais sûrement mon emploi.

Je me suis rapidement versé mon café dans ma tasse thermique et je me dirigeai vers mon bureau dans l’autre pièce. J’ouvris ensuite mon ordinateur et je pris une petite gorgée de ma tasse. Je vis ensuite un courriel de mon patron et cela ne me donna pas le sourire.

« Cher Ross, malheureusement un autre meurtre a été commis hier soir vers les trois heures du matin. Un homme âgé de 25 ans nommé Patrick Caroll a été trouvé mort très près de l’emplacement des meurtres précédents. Normalement vous savez que je suis un homme très patient, mais vous êtes mieux de vous dépêcher à trouver le ou la coupable sinon je vais m’arranger avec toutes les stations de police de l’Irlande pour que tu ne sois plus jamais employé!»

Je grinçai des dents tout en lisant cette partie du courriel. Les détails qui suivent me donnèrent un peu la nausée, car il était de bonne heure. Normalement, mon estomac était plus solide, mais en ce moment ce n’était pas le cas.

Le message continua pour me dire que j’étais mieux de me dépêcher à trouver les preuves nécessaires sinon tout irait mal pour moi. «Comme j’adore la pression!», je me suis dit à voix haute tout en me roulant les yeux en frustration.

Je pris une autre cigarette et je l’allumai pour m’éclaircir l’esprit un petit peu. Après tant d’années d’expérience dans la police, j’oubliai la chose la plus évidente. Pourquoi n’y avais-je pas pensé auparavant? C’était si évident maintenant!

La majorité des jeunes d’aujourd’hui ont tous un de ces profils sur ce site qui fait les nouvelles. Mais quel était le titre de ce fameux site Internet? Je courus vers mes vieux journaux et commençai à tous les feuilleter rapidement en gardant espoir de trouver l’information qu’il avait besoin.

Finalement, le nom du site m’est revenu comme on coup dans le ventre. «Facebook !» Je tapai le nom du site et je fus fasciné presque immédiatement. Je commençai à faire des recherches par rapport à tous les hommes tués et je remarquai quelque chose d’étrange sur leur profil. Ils étaient tous devenus amis entre eux et ils avaient tous ajouté Lor comme amie mutuelle en même temps.

En lisant de plus en plus, un sourire se forma sur mon visage. Le rendez-vous avec Lor sera complètement en ma faveur. Je lis de plus en plus et je lançai un soupir satisfait et je parlai à voix haute en regardant ma photo avec Sean.

« On dirait que je ne vais pas perdre mon emploie aujourd’hui Sean!» Je souris encore et je continuai mes recherches.»

***

Arrivé au restaurant nommé MacClarin, je l’attendais avec impatience. Je ne m’étais jamais senti aussi prêt auparavant. J’avais organisé tous mes documents dans une valise au cas où elle
décidait de me mentir. Un détective sans preuve n’est pas un très bon détective.

Soudainement, elle arriva avec une petite robe soleil qui démontrait un peu trop ses longues jambes. Elle portait un rouge à lèvre de couleur rouge vif et avait une paire de lunettes de soleil un peu trop grosses pour son visage mince.

Elle me salua en se penchant pour démontrer son décolleté et elle sourit. Après, elle s’assit et me demanda comment je me sentais aujourd’hui. Je répondis que tout allait bien avec un sourire rictus et je fis semblant d’être attiré vers elle tout en regardant non subtilement son décolleté.

Elle remarqua immédiatement mon regard et cela lui donna un sourire amusé. En réalité, je n’avais aucune attirance physique envers elle et c’était la seule raison pour laquelle j’étais encore sur l’enquête. Les autres officiers et détectives tombaient sous son charme et abandonnaient leurs recherches rapidement. Dieu sait ce qu’elle faisait pour les faire changer d’idée.

« Vous vous êtes très bien habillée pour une sortie innocente dans un restaurant mi-chic ma chère Lor. » Un sourire sensuel apparut sur ses lèvres gonflées et elle me répondit d’un ton séducteur :
« Ce n’est pas tous les jours que j’ai le privilège de sortir avec un beau grand homme aux yeux et cheveux noirs. En plus, il est un détective sur une enquête mystérieuse! Cela est très excitant. » Elle mit sa main sur la table pour flatter la mienne.
« Une enquête dans laquelle vous êtes la seule suspecte ma chère,» je lui répondis tout en lui plaçant ma main dans la sienne.

Pendant une fraction de seconde, une expression insultée et frustrée apparut sur son visage. N’importe quel autre détective l’aurait manqué, mais moi je n’étais pas n’importe quel détective. Je souris à mon tour et je lui posai une question avec mon pouce qui caressait encore sa main.

«Si cela ne vous dérange pas, j’aimerais qu’on aille directement au but de ce dîner.»

Elle eu une apparence confuse pour un instant, mais je lui dis que c’était le temps de commander de la nourriture. Elle soupira brièvement et prit le menu dans ses mains après avoir lâché prise de la mienne.

Lor vérifia le menu attentivement et me demanda ce que je voulais manger. Elle baissa le menu et me regardant en faisant un clin d’œil. À l’intérieur, je fus dégoûté, mais je devais persévérer. Je décidai de fausser un autre sourire et je lui dis que je ne voudrais certainement pas du poisson.

Encore une autre fois, elle fut vexée et cette fois, elle dégagea un son de frustration. Finalement, on décida de commander un sandwich au poulet et de le séparer à deux. Les sandwichs de ce restaurant étaient immenses et je n’avais pas très faim.

Après avoir bien mangé, je décidai finalement de lui révéler mon intention initiale. Elle semblait assez à l’aise pour abaisser sa garde.

« Ah, avant que j’oublie, j’ai finalement vérifié votre Facebook et les choses que j’ai apprises sont vraiment intéressantes !» Une goutte de sueur se forma sur son front. Elle sourit et me demanda d’élaborer.
« Tous les hommes qui ont été tués ont certaines choses en commun. Premièrement, ils se connaissaient tous. Je trouvais ça un peu étrange de ne pas savoir cela au début de l’investigation. Deuxièmement, ils vous ont tous ajoutés comme ‘amie’ la même date. Une grande coïncidence n’est-ce pas? Surtout que la demande d’amitié s’est faite juste une semaine après votre déménagement à Kilkee. Troisièmement, ils ont tous au moins une photo avec vous. »
« Et puis ? répondit Lor de ton sévèrement agacé. Cela pourrait être qu’une grosse coïncidence.»
«Mais cela ne l’est pas. Ils avaient tous beaucoup d’argent et en sortant avec vous, vous aurez eu beaucoup d’argent et d’autres petites gâteries. Par exemple, ce collier en or que vous portez. Et la sueur qui se forme sur votre front n’aide pas vraiment votre cause.»
« Est-ce un crime de faire cela ? Et non, même s’ils étaient tous mariés, c’était leur choix de vouloir m’acheter des cadeaux. Je n’ai rien fait d’illégal même en couchant avec eux!»
Avant que je puisse lui dire quoi que ce soit, elle continua à parler brusquement et irrationnellement. Partie était sa façade calme et confiante. Elle était devenue insultée et fâchée et cela était parfait pour moi. Les criminels font plus d’erreurs quand ils démontrent des émotions fortes.
« Avez-vous même pensé que je suis innocente ? Même après leur mort, je ne recevais pas d’argent, car leur testament n’était pas changé.»

Ça y est! Je me suis dit. Elle avait finalement perdu toute conscience d’environnement. Elle se leva et cria au plus fort que ses poumons lui laissaient. Toute la clientèle du restaurant était tournée vers elle et cela l’énerva encore plus.

Tout ce qu’elle disait avait du sens, mais cette fois si une arme avait été retrouvée près de la scène du meurtre et dans une de ses photos sur Facebook, elle avait une collection de dague et une des dagues de la collection était identique à celle de la photo.

Après lui avoir dit tout cela, elle partit sans même se tourner. Je l’avais et elle le savait. J’avais maintenant simplement besoin d’avoir un mandat de recherche et tout irait bien. Je me levai de ma chaise et je me dirigeai vers le serveur.
«Merci pour l’excellent service mon cher, gardez le change» Et je quittai complètement satisfait.

***

La journée suivante, j’arrivai à la maison de Lor et je cognai à sa porte. J’avais deux officiers avec moi donc je me sentais en sécurité. Après avoir cogné à plusieurs reprises sans réponse, je demandai à un des officiers de défoncer la porte.

«Détective Warrick, demandait un des agents. Comment avez-vous fait pour résister à une femme comme elle! Je lui ai parlé deux fois et ma mâchoire avait presque tombé par terre!»
Je souris en laissant échapper un bref rire:
« On n’est pas tous des hommes virils comme vous monsieur O’Brian!»

L’autre agent se mit à rire avant de me poser une question. « Mais coudons Murphy! Tu sais que le détective Warrick est marié à son boulot.»

Les deux hommes se mirent à rire fort et cela me frustra. Je leur envoyai un regard agacé pour les fermer et je criai, « Vous parlez trop fort merde! Allez au travail. »

Un des agents se mit immédiatement au sérieux tandis que Murphy O’Brian continua à faire des commentaires inappropriés à mon sujet.

Finalement, les deux officiers défoncèrent la porte et sortirent leur arme à feu rapide comme l’éclair. Je fus même impressionné par leur vitesse. Je me demandai en ce moment même si j’étais habile comme cela dans ma jeunesse.

En rentrant, une odeur putride me passa par les narines et me leva le cœur. Je rentrai dans le salon et je vis Lor assise sur un sofa. En me rapprochant, je vis son corps éventré et ses yeux arrachés. Un poignard était aussi implanté dans sa gorge.

La dague incrustée faisait en effets partie de la collection de Lor. Sur la table, il y avait aussi une lettre marquée FBLA.
« Et merde, cria un des officier. Je crois que je vais être malade.» Il courut instantanément vers l’extérieur.»

L’agent Murphy rengaina sont pistolet et se rapprocha la bouche béante. « Et bien, je crois que cette investigation mystérieuse est close.»

J’ai immédiatement vu son ordinateur ouvert, mais il était en mode verrouillée. J’ai rapidement tapé FBLA et l’ordinateur s’est déverrouillé. Il avait une vidéo en mode pause et je décidai de le faire jouer. C’était Lor et elle parla.

« J’ai appris qui était responsable de tous ces meurtres et j’espère que vous allez voir ce vidéo monsieur Ross Warrick. Oui je l’avoue que j’ai volé et pris avantage de ces hommes, mais ce n’est pas moi qui les ai tués. C’est leur femme Ross…elles se sont toutes mises ensemble pour me blâmer pour les meurtres pour avoir l’argent de leur époux. Si vous regardez par la fenêtre, vous allez voir que les voitures de toutes les veuves son parties. Et oui, elles sont toutes parties en voyage.»

Je n’en croyais pas mes yeux. Avant qu’elle puisse faire quoi que ce soit, elle dit qu’elle garderait la caméra allumée, mais elle fermera l’écran. En effet, les femmes entrèrent une après l’autre et commencèrent à massacrer Lor.

Je me suis mis à vomir instantanément. J’avais tort tout ce temps là…elle avait sûrement peur des femmes et c’est pour cela qu’elle n’a jamais rien dit. Je me suis mis à genoux et je secouai ma tête. Murphy s’accroupit à côté de moi et il mit sa main sur mon épaule. Il dit quelques mots mais je ne pouvais pas les entendre. J’avais échoué et une vie innocente s’était perdue.

FIN

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