samedi 27 août 2011

Remake, recharge, suite ou préquelle: Hollywood pleure

La mode des suites est monnaie courante à Hollywood depuis bien des années. La raison est fort simple: pourquoi ne pas profiter de la popularité d'un produit en investissant au maximum dans celui-ci afin de récolter le plus d'argent possible? La crainte de perdre beaucoup d'argent dans des produits originaux, mais risqués, fait reculer les producteurs qui veulent s'assurer de gonfler leurs goussets. Et si on ne fait pas un remake, une recharge, une suite ou un prequel, on réalise des films dans la même veine. Le présent billet vous expliquera les termes relatifs aux films qui pullulent chaque semaine dans les cinémas.

REMAKE: Le remake est l'adaptation d'un film précédemment réalisé. Le contenu peut être fidèle à l'original ou des largesses peuvent être prises par les scénaristes afin de le mettre au goût du jour. La grande mode présentement sont les remakes des films ou séries des années 80. Notons par exemple The A-Team, série populaire qui mettait en vedette Mr. T, et The Karate Kid, original sortie en 1984 qui a connu trois suites. Plus récemment, on proposait une reprise du film d'horreur Fright Night (Vampire, vous avez dit vampire?) et Conan the Barbarian, qui mettait en vedette Arnold Schwarzenegger. Si les Américains se plaisent de reprendre leurs propres produits, ils n'hésitent à refaire quelques succès internationaux et les mettre à la saveur de l'Oncle Sam. Le premier film québécois à avoir été refait par Hollywood est Louis 19, comédie sortie en 1994 dans laquelle Martin Drainville se retrouvait filmé 24 heures sur 24. Une sorte de précurseur des télé-réalités d'aujourd'hui. Ron Howard a présenté sa propre version en 1999, Edtv, véritable platitude.

Bien souvent, les remakes s'avèrent des réussites sur les plans technique, visuel et au guichet. Cependant, l'histoire ne réinvente rien, les acteurs cabotinent à plein et on se retrouve avec un produit sans grande saveur. Mais ce ne sont pas tous les remakes qui sont à reléguer aux oubliettes. Par exemple, dans les dix dernières années, Ocean's Eleven (2001), King Kong (2005) et 3:10 pour Yuma (2007) ont su se démarquer par leur respect de l'original, mais aussi par leur nouvelle vision. Mais la plupart du temps, on peut compter sur les doigts les bons remakes.

REBOOT: Bien qu'aucun terme francophone ne soit réellement aussi bon que «reboot», on pourrait utiliser «redémarrage» ou «recharge». Comme certaines suites ne pouvaient s'étirer éternellement, on a décidé de redémarrer certaines franchises en repartant des mêmes bases, mais dans des directions différentes. Le remake, quant à lui, reprend les mêmes idées directrices de l'original. Le reboot le plus connu, celui qui a été un précurseur d'une série interminable de platitudes, est Batman Begins en 2005. Comme la franchise Batman entamée par Tim Burton en 1989 en était rendue à quatre films, et que la série s'essoufflait dramatiquement, on a décidé de reprendre le personnage de Batman, d'explorer ses racines et de le rendre nettement plus humain. Face à cette brillante réussite, la franchise James Bond, vieille de plus de 40 ans, a entrepris la même cure de rajeunissement. On revient à la base et on repart en grand. Casino Royale de Martin Campbell avait permis à James Bond de revivre.

Mais comme ces réussites ont émerveillé les producteurs, plusieurs ont décidé d'y aller avec des reboots de franchises: Freddy, Jason, Halloween, Star Trek et Hulk. Qui plus est, Spider-man connaîtra lui-même en reboot dès l'année prochaine. Pourtant, la précédente franchise comptant trois films ne date que de 2002 à 2007. On parle de faire de même avec les 4 Fantastiques et même Batman, après que The Dark Knight Rises connaissent son heure de gloire l'an prochain.

SUITE: La suite est sûrement le phénomène plus connu. Il envahit les écrans dès qu'une oeuvre originale a connu un certain succès. Généralement, les films de superhéros ont la cote en matière de suite. D'ailleurs, lorsque la saison des films de l'été s'amorce, c'est un peu la saison des suites qui renaît. Généralement, une suite remet en scène les mêmes personnages qui ont vécu une aventure lucrative dans le précédent épisode. Parfois, une suite voit le jour sans les personnages principaux. Une tentative audacieuse et inutile des producteurs croyant que le public ne s'attache qu'au titre du film et non pas aux vedettes. Meilleur exemple: Fast and Furious 3. La plus longue série active est bien sûr James Bond qui en sera à son 23e film en 2012.

Les suites les plus malheureuses, c'est sans doute celles où on invente des liens inutiles et inconcevables entre deux films. La série The Mummy avec Brendan Fraser en est le meilleur exemple. Il était incroyable et impossible qu'une momie revienne à la vie, alors comment peut-on penser qu'elle peut le faire deux autres fois? L'idée est que parfois, un seul film suffit et une suite n'est qu'une reprise des mêmes éléments survenus dans le premier film, mais qui surviennent à des endroits différents. Exemple récent: The Hangover II. Même trame narrative, sauf que Las Vegas devient Bangkok. Les rires sont garantis, mais un peu l'originalité.

PRÉQUELLE (ANTÉPISODE): George Lucas avait l'intention depuis belle lurette de redonner vie à sa fantastique série de science-fiction Star Wars. Lucas désirait racontait l'histoire ayant mené le jeune Anakin Skywalker à revêtir l'uniforme du diabolique Darth Vader. Donc, en 1999, il lançait Star Wars Episode I, suivi du deuxième et troisième en 2002 et 2005 respectivement. Il fallait bien qu'on l'imite: X-Men: First Class, Red Dragon, Hannibal Rising, Underworld: Rise of the Lycans, Carlito's Way: Rise to Power et j'en passe volontairement. L'idée n'était pourtant pas nouvelle, parce que Lucas et Steven Spielberg avaient fait la même chose en 1984 avec Indiana Jones et le Temple Maudit.

La différence entre les reboots et les préquelles est que les préquelles ont un lien direct avec les films originaux, ce qui n'est pas le cas des reboots.

SPIN-OFF: Le spin-off est une série dérivée qui se déroule dans le même univers de fiction, mais avec de nouveaux personnages. Quelques spin-offs connus sont Elektra, dérivé de Daredevil et aussi Catwoman, dérivé de Batman. Ironie du sort, les deux films ont connu des carrières désastreuses dans les salles de cinéma.

Voici un exemple intéressant d'une franchise qui a connu un peu de tout... Vous connaissez tous Hannibal Lecter, ce psychiatre cannibale qui aidait la jeune Clarice Starling à retracer un tueur en série. Un premier film est sorti en 1986 sous le titre Manhunter avec William Petersen et Brian Cox. Cinq ans plus tard, en 1991, sa suite le Silence des Agneaux oscarisait Jodie Foster et Anthony Hopkins dans les rôles respectifs de Starling et Lecter. Comme ce succès ne pouvait rester dans l'oubli, le film Hannibal paru dans les salles obscures en 2001 avec les mêmes personnages principaux, sans Jodie Foster remplacée par Julianne Moore. Encore une fois, un succès. Il fallait donc récidiver pour les producteurs. Comme l'écrivain Thomas Harris n'avait rien écrit à propos d'Hannibal Lecter après son roman Hannibal, on décida de faire un remake de Manhunter intitulé Red Dragon. Anthony Hopkins reprend bien sûr son rôle de Lecter et on y ajoute Edward Norton à la place de Petersen. Succès malgré un réchauffé évident. Mais comme on veut réellement nous faire connaître Hannibal jusqu'au bout, on nous propose une préquelle: Hannibal Rising en 2007. Une déception manquant cruellement d'inspiration.

Comme je l'ai mentionné, Hollywood ne risque plus. Voyons donc un aperçu des films sortis non originaux cet été et leur... origine.

Thor est un produit dit original, mais d'autres essais ont vu le jour précédemment. N'oublions pas que Thor reviendra dans The Avengers.
Pirates of the Caribbean: On Stranger Tides. Quatrième film d'une série interminable débutée en 2003.
The Hangover: Part II. Suite au super succès de l'été 2009. Évidemment, comme le succès a été au rendez-vous encore, préparez-vous au 3e.
Kung Fu Panda 2. Suite de l'animation sortie en 2008 où Panda paresseux devient un maître du kung fu.
X-Men: First Class. Reboot de la série amorcée en 2000.
Cars 2: Suite du succès d'animation de 2006.
Transformers: Dark of the Moon. Troisième et heureusement dernier d'un blockbuster sans saveur avec effets tapageurs.
Harry Potter and the Deathly Hallows Part II. Deuxième partie du 7e film de Harry Potter.
Captain America: The First Avenger. Oui, Captain America est un remake d'un film sorti en 1990.
The Smurfs: Remake avec des personnages réels de la série d'animation.
Rise of the Planet of the Apes. Reboot. Afin de repartir sur de nouvelles bases, on démarre l'histoire à sa réelle origine afin d'en faire une potentielle franchise.
Final Destination 5. On dit que c'est un reboot ou une histoire, mais c'est la cinquième fois qu'on nous fait le coup.
Conan the Barbarian. Remake du film d'aventures de 1981 qui mettait en vedette Arnold Schwarzenegger.
Fright Night. Remake du film d'horreur de 1985 qui mettait en vedette Chris Sarandon.
Spy Kids 4. Suite... ou reboot... ou spin-off. À vous de décider car les personnages principaux des trois premiers films sont présents, mais pas trop.

Et j'en oublie sûrement. Mais ces films sont réalisés pour satisfaire un public à la recherche de nouveautés. Cependant, il est particulier d'être assez vieux pour avoir vu le film original et son remake au cinéma. La comparaison devient alors impitoyable. Heureusement, au Québec, on se concentre sur des histoires fraîches et diversifiées. En espérant qu'on ne nous arrive pas avec un remake québécois d'un film américain.

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