jeudi 18 août 2011

Le décès de Rick Rypien: le tabou


Le hockeyeur de la LNH Rick Rypien est décédé cette semaine au trop jeune âge de 27 ans. L'attaquant était un homme fort, spécialiste des bagarres et des mises en échec. Mais sous sa carapace de brute épaisse, il était un homme torturé et blessé. On dit qu'il souffrait de dépression depuis 10 ans, qu'il quittait l'organisation dans laquelle il évoluait pour régler des problèmes dits personnels. La teneur de ses problèmes est maintenant connue.

C'est un tabou dans les sports professionnels, où la testostérone fait la loi, de parler de ses problèmes personnels ou de son orientation sexuelle. Rick Rypien n'aurait sûrement pas été un homme s'il était arrivé dans le vestiaire un beau matin et qu'il aurait déclaré à son entraîneur et directeur-gérant: je ne veux plus me battre, j'en pleure chaque nuit, ça m'énerve. Non, il n'aurait pas pu, parce qu'il aurait perdu des milliers de dollars parce qu'il aurait été congédié.

On pense aussi à Derek Boogaard, un autre homme fort, qui a perdu la vie le 13 mai dernier. Même si les causes de son décès ne sont pas encore déterminées, certains croient qu'un abus de substances illégales auraient eu raison de sa vie. Et Bob Probert, l'ancien goon des Wings, mort à 45 ans, l'an dernier. Selon l'autopsie, son cerveau avait subi des dommages importants. Probert avait des problèmes liés à l'alcoolisme qui lui ont même empêché de jouer pendant un moment dans son pays natal. Il a tout fait pour combattre ce problème.

Sans vouloir dire que tous les bagarreurs ont des problèmes personnels en raison de la pression exercée par leur emploi réellement difficile, je suis d'avis qu'un changement de mentalité dans la LNH. Premièrement, un homme est un homme quand il est capable d'étaler ses sentiments et faire preuve d'humanité. En cachant qui on est vraiment, on ne fait que s'enfoncer dans le déni. Les équipes sont dotées des meilleures spécialistes, des médecins, des chirurgiens, des dentistes. Mais qu'en est-il des psychologues?

En second lieu, l'avenir des bagarres doit être remis en question. Pas l'année prochaine! Maintenant. On nous bourre que la LNH veut améliorer les choses, mais elle lève le pied dès que les gros iconoclastes comme Brian Burke se mettent à chialer. Burke devrait lui-même comprendre, surtout que son défunt fils était homosexuel.

Parlant d'homosexualité, ce sujet est aussi tabou dans une chambre de joueurs professionnels. La virilité du vestiaire en prendrait un solide coup dans les «schnoles» si on en venait d'apprendre que la vedette de l'équipe couche avec un autre homme. La douche serait une zone de danger évitée par tous les autres. Mais sérieusement, qu'est-ce qu'on en aurait à foutre qu'il se tape un autre mec? La société se doit d'évoluer et le milieu d'anthropopithèques qu'est le sport doit aussi évoluer.

L'ancien voltigeur des Padres de San Diego Billy Bean (à ne pas confondre avec le dg des A's Oakland Billy Beane) a ouvertement déclaré son homosexualité après sa carrière en 1999. Il avait donc caché son secret pendant des années avant d'avouer... Un jour, Ron Fournier avait parlé du cas «Bean» à son émission. Après avoir frappé son premier circuit en carrière, ses coéquipiers de l'époque avaient voulu lui faire une surprise et l'avaient rejoint à sa maison. Le conjoint de Bean avait donc dû quitter les lieux rapidement pour ne pas qu'on découvre le «secret» de Bean.
Et qui ne se souvient pas de l'épisode Mike Danton en 2004. Le hockeyeur des Blues de St. Louis avait voulu tuer son agent pour ne pas qu'il révèle son homosexualité. En parler lui aurait épargné tant de soucis et d'années de prison.

Le sport a encore parler de chemin à faire avant de se targuer d'employer des modèles pour la jeunesse. Encore une fois, ça prend des morts pour des actions

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