Impératif français est un organisme qui promeut et défend la
langue française dans la région outaouaise, mais qui n'hésite pas non plus à
faire valoir son importance ailleurs au Québec quand il sent que notre très
chère et précieuse langue est brimée. Les interventions sont souvent
réfléchies, mais parfois, c'est une exagération sans nom qui font passer les
Québécois pour des pleurnichards.
Dans le cas présent, un citoyen d'Ottawa s'est montré outré
durant un match du Canadien au Centre Bell. Pas que son équipe favorite jouait
un mauvais match, mais son problème était l'arbitre, ce vilain zèbre marin
d'eau douce. À la suite d'un but controversé, les officiels ont décidé de
vérifier avec Toronto pour que le but soit accordé. Une fois la décision
rendue, l'officiel annonce celle-ci à la foule grâce à un microphone, mais dans
la seule et unique langue de Shakespeare. Outrage! Sortilège!
Voici la lettre de monsieur Patrick Marleau (pas le joueur
de hockey)
Pas de Coupe Stanley en français à Montréal!
Non mais vraiment là!
Regardez-moi dans les yeux, et dites-moi sans rire qu’il est
normal qu’en 2014, un francophone puisse se rendre dans la plus grande
métropole francophone du monde après Paris, dans une ville québécoise, dans un
aréna portant un nom français (Centre Bell) avec des billets achetés au prix
fort (plein tarif) qui indiquent que le spectacle annoncé porte un nom français
(Canadiens de Montréal) où l’annonceur maison s’exprime en français… et que les
arbitres n’annoncent pas les infractions, pénalités ou buts refusés en
français!
Dites-moi qu’il est normal de se moquer du public qui prend
la peine de se déplacer pour l’événement ou qui regarde le hockey à la
télévision, et que l’on autorise les arbitres à allumer leurs micros pour
annoncer leurs décisions officielles d’arbitrage… en anglais!!!
En plein point culminant ou plein suspense, on laisse tomber
Montréal, tout le Québec, la francophonie, puis c’est l’anglais qui domine
comme dans le temps des années 40 avec Rocket Richard! Rien n’a changé depuis
plus de soixante-dix ans! On nous ridiculise chez nous!
J’espère bien voir le jour où l’on pourra entendre à
Montréal un arbitre annoncer ses décisions en français telles que : « Le patin
n’a pas touché volontairement la rondelle: but accordé! » Ça ne fait pas moins
officiel de l’entendre en français, ça fait simplement respectueux!
Et la réponse de support de monsieur Jean-Paul Perreault,
président d'Impératif français
Mesdames, Messieurs,
La situation décrite dans la lettre ci-dessous est
intolérable. Ceci n’a aucun sens! Nous sommes d’accord avec ce citoyen.
Il est inacceptable que l’on nous exclut, que l’on présente,
à l’échelle de l’Amérique, Montréal et le Québec comme anglophones, que l’on
laisse ainsi tomber la francophonie, que l’on nous traite comme si nous
n’existions pas.
Quelle image donne-t-on ainsi aux immigrants, à notre
jeunesse, à toutes et à tous, et à l’Amérique du Nord tout entière de
l’importance que l’on accorde à notre langue en acceptant qu’existe et perdure
cette situation?
À quoi peuvent bien rimer les droits québécois d’être servis
et informés en français devant pareille humiliation, de surcroît télédiffusée
et radiodiffusée, vue et entendue par des millions de personnes plusieurs fois
par année, dans notre sport national et dans notre métropole?
Nous vous prions d’intervenir sans tarder et de nous faire
connaître les mesures que vous adopterez pour que soit respecté le Québec et la
francophonie.
Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de mes
meilleurs sentiments.
Cette lettre contient des mots forts pour une situation
réellement peu importante. Pas qu'on se laisse marcher sur le dos nous les
Québécois, mais quand on parle d'humiliation, c'est d'une exagération sans
borne. Les parties sont toutes à la télévision ou à la radio et devinez quoi,
les commentateurs et analystes (ils sont environ 40 à analyser la même partie)
expliquent en français la décision finale. Alors, je ne comprends pas le
raisonnement de cette plainte. Et lorsque nous sommes au Centre Bell, j'y suis
allé à quelques occasions, on n'entend quasiment pas ce que dit l'arbitre.
J'enseigne le français et je saute d'un pied quand j'entends
des expressions anglophones dans le parler des gens de l'Outaouais. Mais je ne
serai pas du genre à me plaindre d'une situation banale (carrément) qui peut
arriver une fois ou au maximum deux fois par match. 85% des arbitres sont
anglophones, alors il faudrait qu'ils apprennent 25 mots de français pour le
bonheur non pas des fans, mais des gens qui s'offusquent beaucoup trop pour
rien.
Ce qui me déçoit franchement de la part de monsieur
Perreault, c'est qu'il n'apporte aucune solution et que son message ne s'adresse
qu'à des politiciens comme en font foi le nom des quatre personnes citées sur
la page web d'Impératif français. Il serait préférable selon moi de rediriger
les complaintes vers le président du Canadien Geoff Molson ou au commissaire de
la ligue Gary Bettman. Mais ce dernier prendra-t-il en considération cette
demande? Ou est-ce que monsieur Perreault ne s'abaissera pas à parler en
anglais?
La solution serait si simple de proposer au Canadien ou à la
LNH, au lieu des politiciens toujours à la recherche de votes, que l'annonceur
maison traduise la décision de l'arbitre. Ce serait une demande bien plus
logique et surtout respectueuse que de s'indigner en pleurnichard.
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