Pat Burns, l'un des entraîneurs les plus respectés dans les 20 dernières années, a succombé à un cancer vendredi dernier, le 19 novembre. L'homme de 58 ans livrait une troisième lutte contre un redoutable ennemi qui ne laisse que très peu de chances. Voici le parcours peu commun d'un policier qui a gagné 501 parties dans la LNH et qui a un jour soulevé la Coupe Stanley.
Pat Burns a commencé son épopée dans la LHJMQ en 1984 avec les Olympiques de Hull. Sous sa tutelle, il a eu la chance de diriger un joueur qui deviendra l'un des meilleurs marqueurs de l'histoire: Luc Robitaille. Après trois saisons et 113 victoires, Burns est engagé par le Canadien de Montréal pour diriger sa filiale de Sherbrooke. Il n'y passera qu'une campagne car suite au congédiement de Jean Perron, Serge Savard annonce que Burns devient le coach du grand club.
Dès sa première saison, l'équipe de Burns remporte 53 victoires et atteint la finale de la Coupe Stanley. Malheureusement, les puissants Flames de Calgary prennent leur revanche sur les Canadiens après leur défaite de 1986. Il se sauve en plus avec le Jack Adams. Les trois autres saisons à la barre de l'équipe seront satisfaisantes sauf que les résultats en séries ne le sont pas. En 1992, Burns donne sa démission et se retrouve quelques jours plus tard avec les Leafs de Toronto. Encore une fois, Burns remporte le Jack Adams à sa première année, renverse les pronostics et réussit à atteindre la demi-finale deux années de suite. Il sera congédié lors de saison 4e saison au 65e match du calendrier. Mais comme Burns est un entraîneur de renom, les Bruins mettent le grappin dessus à l'été 1997. Il remportera son troisième Jack Adams à sa première saison chez les Ours, mais sa 4e, encore, sera fatale; il est viré après 8 parties. Il passera pratiquement deux saisons au chômage puis, en 2002, Lou Lamoriello et les Devils l'engagent. Encore une fois, Burns fait des éclats à sa première saison et gagne la Coupe Stanley. Ce sera au terme des séries 2003-04 qu'il annoncera que le cancer le frappe... pour la première fois.
Ce qu'on sait de Burns, c'est qu'il était un entraîneur dur, strict, sévère, mais juste. On l'a vu piqué des saintes colères devant les médias, au grand plaisir de ces sangsues avides de nouvelles sensationnelles. Il a même envoyé promener Shayne Corson dans les mots suivants: «En bon français, qu'il mange de la marde!» Il a même confronté le colossal John Kordic dans son bureau. Ce dernier voulait renverser Burns qui lui aurait répondu: «J'en ai renversé des plus gros que toi, alors écrase.» Mais c'était aussi un farceur incroyable qui parsemait ses conférences de presse de petites parcelles d'humour.
C'est réellement dans les médias qu'on a appris à mieux connaître Burns. Dans les dernières années, il était chroniqueur à CKAC Sports à l'émission Sport du lit. Il en a fait rigoler plus d'un avec sa vision de l'actualité de la LNH. Avec lui, pas de zone grise, seulement l'heure juste. Même lorsqu'il a appris que le cancer le frappait encore: il a été franc, pas de niaisage, il a mis tout le monde au courant; il ne voulait pas être achalé.
Il aura vaincu le cancer une fois, puis une deuxième. Mais l'ennemi est coriace et réapparaîtra ailleurs dans son corps. Il luttera, gardera son sens de l'humour et le public lui fera sentir son amour partout au Québec et dans la LNH. Cette année, on a annoncé la construction d'un aréna portant son nom à Stanstead, en Estrie. Malade, il assistera à l'annonce puis à la première pelletée de terre le mois dernier. Il y a quelques semaines, on a même annoncé sa mort. C'est Burns lui-même qui a informé les médias qu'il était encore en vie. Mais vendredi dernier, la lutte était terminée.
Quand je pense à Pat Burns, je pense à mon grand-père, cet anti-Canadien, qui disait connaître Burns. Cette grande face, il était policier au Grand-Remous (en Haute-Gatineau). Méchante face de boeuf ! Mon grand-père...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire