jeudi 9 avril 2015

MA DIFFICILE RELATION AVEC LA GRÈVE

J'ai une relation difficile avec la grève pour d'innombrables raisons. Souvent, les grévistes agissent en sauvages causant des torts irréparables envers leurs supérieurs ou en faisant du grabuge et du vandalisme sur la propriété d'autrui. Je me dis toujours qu'une fois la grève terminée, tous ces gens devront retourner travailler au même endroit. De plus, avant même ces grèves, ces gens travaillaient ensemble avec joie. Pourquoi tout briser?

Dans mon cas, en tant qu'enseignant, notre convention collective est venue à échéance le 31 mars dernier. Le gouvernement nous offre une augmentation de seulement 3% sur 5 ans, très loin de nos demandes de 13,5% sur 3 ans. Surtout, on nous dit qu'il faut absolument faire notre part, que les autres la font. Certains secteurs font leur part, certes, mais d'autres comme les médecins obtiennent de généreuses augmentations. Le milieu de l'éducation n'est pas traité avec soin et respect, considérant que l'avenir de la société se fait sur les bancs d'école.

Chez nous en Outaouais, 91% des membres du corps professoral a voté en faveur d'une grève de trois jours, probablement à partir de septembre. Trois jours où nous offrirons notre salaire au gouvernement, ce qui lui permettra d'économiser plusieurs millions de dollars. Voilà pourquoi la grève actuelle et toutes les autres au monde m'embêtent. Je n'ai pas une cenne de plus à concéder à mon gouvernement, je lui en donne déjà assez. De plus, je suis persuadé que l'augmentation qu'on finira pour nous donner correspondra à notre salaire perdu... mais ça se fera sur une période de 5 ans, donc des pinottes sur notre paye.

On nous demande aussi de porter un macaron indiquant: «Mes patrons me méprisent.» Premièrement, le message s'adresse à qui? À la direction de mon établissement? À la direction de ma commission scolaire? Au gouvernement? Si c'est le gouvernement, alors svp, indiquez que c'est le gouvernement qui nous méprise, pas nos patrons d'établissement. Je comprends pourquoi la Commission scolaire au Coeur des Vallées en Outaouais a menacé ceux qui portaient ce macaron de sanction. Pour ma part, je l'ai fait disparaître. Pour les raisons indiquées dans le premier paragraphe. Pas question que j'insulte quelqu'un que j'apprécie, surtout que mon bon ami et collègue est maintenant directeur-adjoint et aussi, qu'un autre de mes bons amis est directeur dans une école primaire. Il n'y a pas une once de mépris chez eux.

Le vrai mépris, c'est celui affiché par le gouvernement, avec des gens comme Yves Bolduc, quittant comme un lâche incompétent ses fonctions tout en acceptant son énorme prime, dans un contexte d'austérité. C'est aussi l'arrogant président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, qui méprise lui aussi la population en les prenant pour des ignares incultes qui ne comprennent pas grand chose aux finances. Au-dessus de ses affaires, avec ses airs supérieurs, il est à la solde des riches, malgré qu'il puisse dire le contraire. Finalement, c'est le Premier ministre qui laisse tout cela aller avant de mettre fin aux folies de ses ministres. Depuis qu'il est sur le marché du travail, sait-il véritablement ce que c'est la classe moyenne?

Quoi qu'il en soit, la grève aura lieu un jour ou l'autre. Mais j'ai l'impression que le spectre d'une loi spéciale nous pend au bout de nez inévitablement parce que le gouvernement a son plan dans la tête et aussi parce que nos négociateurs se mettent à plat ventre à la table des négociations.

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